Mettre en place un Taux de Rendement Synthétique (TRS)

Les problématiques

Problématique de description.
Il y a, à la base, une volonté d’amélioration débouchant sur la description du système de production (ses flux, ses temps et sa qualité) en vue de l’optimiser. Cette description est souvent déformée et pas identique pour tous les acteurs.

Problématique d’adhésion.
Le TRS une fois en place doit être rempli fréquemment. Il peine souvent a recevoir des données bien qualifiées, sincères, objectives sur lesquelles appuyer ultérieurement l’analyse des flux de production.

Problématique d’adéquation de la technique au besoin réel.
Souvent on le met en place par effet de mimétisme. Par conséquent la technique n’est pas directement reliée à un besoin spécifique tel que vécu en production, ni la plus pertinente pour la situation de l’entreprise.

Souci pour obtenir des renseignements fiables dans la durée.
Il est difficile d’obtenir durablement des opérateurs des données fiables et régulières. La mise sous observation et les processus de mesure sont des actions vécues comme des volontés de la direction de tout contrôler et génèrent des freins. Les opérationnels adoptent des comportements de défense comme : ne pas donner de renseignements, donner des renseignements approximatifs ou biaisés. Mettre en place le TRS de manière descendante tend à créer une mésentente et détériore le climat social.

Mettre en place une certification qualité

Les problématiques

Se certifier est gourmand en efforts. La démarche implique :

  • Des temps de modélisation mobilisant cadres et opérateurs pour mettre à plat les processus
  • Des difficultés à avoir des renseignements pertinents
  • Des analyses pour déterminer quelles sont les meilleures pratiques
  • Des transcriptions de la modification des processus et des fiches de postes suivant les pratiques détectées ou souhaitées
  • Un archivage dans chacun des systèmes de management et d’enregistrement
  • Un classement et création de systèmes documentaires
  • Une mise à jour et entretien du système documentaire
  • Une évolution des pratiques suite à la description pour les chefs etc.

Chaque étape de ces phases de description présente un risque de déformation, c'est-à-dire rendant le système qualité décorrélé des pratiques réelles. Ainsi on arrive à un système papier, certes opposable aux tiers, mais qui n’a pas modifié les pratiques en profondeur. Il y a trois causes à cela : la complexité de la description, l’animation de la description, le fait d’être dans une interaction hiérarchique lors de la description.

  • Souci de complexité : pour obtenir des données décrivant l’action en détail dans l’ensemble des processus, on procède nécessairement en plusieurs étapes. Plus il y a d’étapes, plus le risque d‘approximations augmente.
  • Souci d’animation de la description : un cadre va interroger les participants sur la manière dont ils travaillent et ces derniers, dire ce qu’ils croient que les chefs veulent entendre sans modifier leur pratique. Si l’animateur manque de temps, il va prendre le mode opératoire affiché et le modifier selon ce «qu’on» veut qui soit fait, «croyant» que les opérationnels vont modifier leur comportement après sa description.
  • Souci de lien hiérarchique et de type d’observation : en présence de l’animateur le comportement de l’observé change, il ne dit pas ce qui est. Au final sa description comporte des souhaits, des bonnes pratiques, des justifications, des affabulations, ou des pratiques anciennes peu revisitées. Tout ce qui est à cheval sur 2 ou 3 services sera peu ou mal exprimé. Un diagnostic est-il fiable, et les solutions pertinentes, si dans les données initiales on est incapable de démêler la pratique réelle de la fiction ?

Se certifier, sans se poser la question de la congruence du système de management avec le vécu réel, revient à faire de la certification pour la certification. C'est-à-dire qu’on possède le certificat opposable aux tiers mais qu’on n’a pas modifié/amélioré les pratiques. Ce type d’animation dévalorise la qualité et a des effets pervers comme : faire déconsidérer la qualité par les opérationnels (ça ne modifie rien au quotidien). De même pour les clients, la qualité ne veut plus rien dire car elle n’est observable nulle part. Enfin, l’encadrement en charge de son développement se démotive faute d’arriver à infléchir réellement les pratiques et les comportements.

Mettre en place une Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences (GPEC)

Les problématiques

Une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) demande des efforts d'enquête, de description, de modélisation, de rationalisation.

Mais au-delà de la technique, elle peut avoir plusieurs sens :

  • Celui de donner aux salariés une perspective de carrière et une visibilité sur les changements qui les attendent
  • Celui d'obtenir par le biais de la remise à plat une meilleure classification des métiers pour optimiser le système de gestion des RH et des payes
  • Celui de vouloir optimiser les compétences par rapport aux besoins de production
  • Celui de détecter les compétences critiques et/ou partantes afin d’en organiser la transmission
  • Ou bien repositionner la GPEC dans un sens plus large : celui de sa qualité de support à l'évolution de l'activité de l'entreprise et à son adaptation en tant que principal contributeur à la création de valeur et de maîtrise

Dans sa dernière acception, celle au sens large, la GPEC permet de profiter de la mise en place du projet pour identifier les compétences par rapport aux actions à mettre en œuvre, qui elles-mêmes sont déterminantes pour l’évolution de l’entreprise. La GPEC consiste alors à déterminer toutes les compétences nécessaires à réaliser le projet d’entreprise dans et ce durant tout son cycle de déploiement.

Ainsi la GPEC servira de système descriptif de toutes les compétences, actuelles, en devenir proche ou celles nécessaires dans un avenir plus éloigné. Vouloir décorréler la GPEC de la description des actions, actuelles et projetées, dénature le sens même de la technique et la dévoie vers tout ce que le jeu des acteurs et des rapports de force va pouvoir inventer pour s’emparer du projet.
Autrement dit, la GPEC constitue un support systémique pour l’optimisation de l’entreprise exempt d’intérêts partisans, ensuite il est tant mieux si, par une construction détaillée et souple, chacun peut y voir pris en compte une partie de ses intérêts.

Devant autant de représentations divergentes et les enjeux que chacun, acteur ou groupe, y a placé, on comprend mieux les difficultés à mettre en place une telle technique. Quelle que soit l’animation, elle posera des soucis de déploiement. Si par exemple elle vient de la direction, elle sera vécue par les acteurs comme un dégagement par le haut afin de réduire la masse salariale. Si à l’inverse, elle est le souhait d’un syndicat ou des représentants du personnel, l’encadrement supérieur la vivra comme un système de confort.

Système comportant une valeur mais pas une valeur suffisamment visible en termes d’optimisation de l’entreprise (qui est la raison d’être des fonctions de cadres). Bien souvent, si la démarche est à l’initiative d’un syndicat, d’une institution représentative du personnel ou une exigence légale, les cadres ne vont pas fournir l’effort nécessaire dans la durée pour faire vivre la GPEC.